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Été 2022
  au sommaire de ce numéro 6 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Question de sensibilités
 lire l'édito 
« Connaissez-vous des noms d'explorateurs ? D'aujourd'hui ? Ou du passé d'ailleurs ? — Eh M'sieur, oui… une femme en plus : Dora l'exploratrice ! ». Éclats de rire général dans la classe de seconde technologique du lycée Léon Blum au Creusot, où je tiens une conférence ce matin-là. L'heure est à toutes les curiosités. Intervenir ici en milieu scolaire n'est pas anodin, et même d'utilité publique. Troisième ville du département de la Saône-et-Loire – après Chalon-sur-Saône et Mâcon (la préfecture) – Le Creusot, 21 200 habitants environ, a jadis été une cité prospère grâce à son bassin houiller exploité dès le Moyen Âge, puis de façon industrielle à partir du XIXe siècle et ce jusqu'à l'orée du troisième millénaire. Depuis, cette agglomération de la Bourgogne du sud souffre économiquement et démographiquement parlant. Pour autant, des élus, des décideurs, des éducateurs et des citoyens s'activent et multiplient les projets comme celui du jour à l'adresse des adolescents.

Avec mes acolytes, Bruno et Julien, photoreporters et co-fondateurs de ce journal, ainsi qu'Hanicka, à l'initiative de ce projet éducatif, nous sommes les invités, et le « fil rouge » de deux journées en milieu scolaire consacrées à la sensibilisation et à la lutte contre les discriminations. L'occasion de parler à 350 collégiens et lycéens de notre métier, et plus spécifiquement du sujet des migrants. Le grand reportage se partage aussi dans le blanc des yeux, « histoire parfois de rallumer des étoiles », me plais-je à dire.

Là-bas, les lumières se sont, en revanche, éteintes pour elles. Elles qui étaient à l'honneur et en couverture de notre précédent numéro. Notre façon de mettre en lumière un pays oublié des médias, et de faire écho à l'obligation récente qui leur a été imposée de devoir dorénavant porter un voile intégral en public. Elles, ce sont les femmes afghanes. Premières cibles de la doctrine des talibans, elles voient leurs acquis chèrement gagnés réduits à néant par les maîtres de leur pays. À leur retour au pouvoir l'été dernier, les talibans avaient pourtant promis de se montrer plus souples et plus tolérants en la matière. Ils ont renié leurs engagements. L'histoire se répète, et l'issue est dramatique. Ne les oublions pas !

Ne verser ni dans le simplisme, ni dans le manichéisme, et encore moins dans le conformisme, tel est notre leitmotiv d'Embarquements, la preuve dans ce numéro 6. Direction la Russie, afin de nous intéresser non pas à Poutine (et sa clique) mais à un peuple opprimé : les Saamis de la péninsule de Kola. Eux qui se sont mieux adaptés au blizzard qu'au communisme, eux dont le pouvoir a voulu éradiquer toutes les traditions. Grâce à l'œil de Natalya Saprunova, opportunité nous est ainsi offerte de découvrir ce peuple fier de sa culture, mais aussi de vivre dans la modernité, comme en atteste d'ailleurs notre couverture colorée et lumineuse. Un grand reportage signé d'une trentenaire venue elle aussi de l'Arctique russe, et formée au photojournalisme en France. Citoyenne du monde, Natalya est une photoreporter qui affectionne les sujets de société, d'ici et d'ailleurs, liés à l'identité, à la jeunesse, à l'immigration, à l'environnement et à la spiritualité.

Avec Michel Izard au Botswana, Jean-Christian Kipp en Ukraine ou encore Volodia Petropavlovsky aux États-Unis pour ne citer qu'eux, nous faisons nôtre la devise d'Albert Londres, grand reporter et modèle en son genre : « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus que de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Avec le journal Embarquements nous incombe, en effet, la mission de vous « éclairer » autrement sur un monde certes fragmenté, mais où subsistent heureusement des « îlots de lumières », et des raisons d'espérer. Une question de sensibilités en somme.

En photographie, la sensibilité à la lumière se mesure et se corrige. Elle est de surcroît une donnée essentielle pour assurer la meilleure exposition, et réaliser des images lisibles, compréhensibles. Une allégorie parfaitement raccord à notre état d'esprit du moment, vaillant et conquérant. Nos métiers-passions nous portent, comme les rencontres que nous faisons sur tous les terrains, et qui nous réservent des surprises.

Au lycée Léon Blum, un élève a d'ailleurs eu une réponse percutante : « L'exploration, c'est quoi ? C'est aller là où les autres ne vont pas. C'est aussi conquérir le cœur des hommes, mais surtout faire du bien avant qu'il ne soit trop tard ».

Thèse, antithèse, synthèse. Vous avez 2 heures avant que je ne ramasse les copies. D'ici là, restons forts et inspirés,

Stéphane Dugast

QUATRE QUESTIONS À …
Simon Bernard, éco-entrepreneur
Les océans accumuleraient près de 150 millions de tonnes de plastique. Une myriade de déchets dont les émissions annuelles pourraient tripler d'ici 2040, selon la très sérieuse revue Science. Comment faire alors pour réduire cette pollution ? Jeune officier de marine marchande, ingénieur et explorateur dans l'âme, Simon Bernard et ses « deux associés » ont fondé Plastic Odyssey avec une idée simple : le recyclage est une opportunité, ou comment intéresser les économies émergentes au traitement des déchets.
propos recueillis par Stéphane Dugast | photographie : Tristan Reynaud
à lire en page 2 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : plasticodyssey.org

RÉCIT
L'Amérique et ses mirages
Un été, Volodia Petropavlovsky a traversé les États-Unis en voiture, de Chicago à San Francisco via Dallas. Des tréfonds texans au fantasme californien, le reporter a trouvé ce qu'il était venu chercher : une Amérique great again où les bondieuseries et les grenades à douze dollars pièce s'affichent sans pudeur.
texte et photographies : Volodia Petropavlovsky
à lire en page 3 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : instagram.com

ENTRETIEN
L'Ukraine sur le vif
Avant de devenir un entrepreneur à succès dans le monde de la santé, Jean-Christian Kipp s'est engagé dès 1985 dans l'humanitaire en Afghanistan où il fit notamment la rencontre du commandant Massoud. Ce diplômé de Sup'Aéro et de Sciences Po a ensuite enchaîné les reportages de guerre avant de se consacrer définitivement aux affaires. S'offrant régulièrement des parenthèses, dont de récents séjours en Syrie et en Irak, le baroudeur s'est rendu cette fois en Ukraine pour le compte de sa fondation Odysseus. Entretien avec un homme libre qui n'a jamais cessé d'explorer depuis 40 ans la planète et ses points chauds.
propos recueillis par Stéphane Dugast | photographies : Alexandre Gerfaut
à lire en page 4 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : odysseus-foundation.orglinkedin.com

BONNES FEUILLES
Taille patron
Ernest Shackleton a par deux fois tenté d'être le premier à atteindre le pôle Sud, en vain. La déception immense sera à la hauteur des difficultés que ce sujet de Sa Majesté avait dû surmonter, tant pour réunir les fonds nécessaires à ses expéditions que pour maintenir ses compagnons en franchissant les obstacles d'un milieu extraordinairement hostile, mais tellement beau. Extrait d'un récit consacré à celui que ses hommes appelaient affectueusement « le Boss » à bord du voilier l'Endurance.
extrait du livre Ernest Shackelton le Boss, de Mirella Tenderini, éditions Paulsen, 2022
à lire en page 5 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : editionspaulsen.com

REPORTAGE
Kayan, une culture en suspens
Devenues des icônes du tourisme dans le nord de la Thaïlande, les « femmes girafes » ont été mises à rude épreuve par le Covid-19. Sans activité du fait de la disparition des touristes, elles ont dû se reconvertir pour continuer de vivre. Elles sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses à ne plus porter ces colliers à spirale devenus des freins selon elles à leur adaptation. À l'inverse, les plus anciennes s'accrochent à cet objet traditionnel jusque-là synonyme d'une vie plus facile.
texte et photographies : Guillaume Petermann
à lire en page 6 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : guillaumepetermann.com

REPORTAGE
Nous vivions dans la toundra
Installés sur la péninsule de Kola, l'arrière-pays de Mourmansk, les Saamis de Russie se sont mieux adaptés au blizzard qu'au communisme. Ici, au nord du cercle arctique, ils ont vécu pendant des millénaires au rythme des saisons avant d'être bâillonnés par les Soviétiques. Sédentarisés dans des kolkhozes à partir des années 1920, ils n'avaient plus le droit d'être saamis ; la langue et l'habit traditionnel étaient interdits. Finalement relogés dans les étages des nouveaux immeubles de Lovozero, ils se sont tus comme des oiseaux en cage
photographies : Natalya Saprunova
à lire en page 8 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : natalyasaprunova.myportfolio.com

IMMERSION
Dragon 74, l'ange gardien des alpinistes
L'hélicoptère EC145 jaune et rouge de la Sécurité civile veille chaque été sur le massif du Mont-Blanc. Sur cette machine devenue mythique, cinq pilotes et six mécaniciens opérateurs de bord se relayent une semaine sur deux à Chamonix. Ils sont les anges gardiens des alpinistes, sportifs de haute montagne et touristes. Leur métier, c'est de porter secours, multipliant les manœuvres délicates dans des conditions parfois difficiles.
texte et photographies : Tristan Reynaud
à lire en page 14 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : tristanreynaud.comfacebook.com

CABINET DE CURIOSITÉS
Tir à vue sur le roi des cimes
Là-haut, aux flancs des pentes qui tutoient le ciel, se dresse un animal qui semble traverser les âges sans peur. Cet air de force tranquille, peu de bêtes l'affichent avec autant d'altesse. Pleines lumières sur le bouquetin des Alpes qui, dans le massif du Bargy, est sur le point d'être massivement abattu sur ordre préfectoral. La raison ? Il est vecteur de la brucellose, une maladie infectieuse transmissible aux bovins et potentiellement à l'humain. In situ, la controverse est explosive.
texte et photographies : Camille Poirot
à lire en page 16 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : instagram.com

EXPÉDITION
Koanaka, quelques pierres et « un rocher »
Aux confins du désert du Kalahari, dans le nord-ouest du Botswana, une mission dirigée par l'archéologue Laurent Bruxelles est partie en novembre et décembre 2021 sur les traces des premiers hommes. Une quête immersive dans des massifs calcaires pour documenter l'apparition du genre Homo, il y a 2,5 millions d'années. Une piste qui ouvre de nouvelles perspectives.
texte : Michel Izard | photographies : Carole Bruxelles
à lire en page 18 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : facebook.comlejournal.cnrs.fr

PORTRAIT
Thylacine, la musique tout-terrain
Dans la cordillère des Andes comme sur les rives du lac Baïkal, il compose in situ ses morceaux de musique électro. Bercé par les grands espaces, il aime bourlinguer pour s'inspirer des sons qui l'entourent. Héritier du style ambient de Brian Eno et de la « musique concrète » de Pierre Schaeffer, ce jeune Français se fait connaître sous le nom de « Thylacine ».
texte : Stéphane Dugast | photographie : Cécile Chabert
à lire en page 20 du journal Embarquements n°6
en savoir plus : thylacinemusic.com


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