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Automne 2025
  au sommaire de ce numéro 18 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Liberté chérie
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La liberté de la presse n'a jamais de répit. Les assassinats de journalistes à Gaza se sont multipliés. 252 exactement depuis le 7 octobre 2023. Le Français Christophe Glaize est toujours sous les verrous. Notre confrère de So Foot a été condamné en Algérie à 7 ans de prison pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national ». La justice locale lui reproche d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), par ailleurs responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé comme « organisation terroriste » par les autorités. Christophe est incarcéré à la prison de Tizi Ouzou.

Quant à Frenchie Mae Cumpio, animatrice d'émissions de radio et directrice du média d'investigation philippin Eastern Vista, elle croupit en prison depuis 5 années. Les chefs d'accusation ? « Financement du terrorisme et port d'arme illégal ». Mais la directrice du Comité pour la protection des journalistes en Asie, Beh Lih Yi, est formelle : « Les droits de Frenchie Mae Cumpio ont été violés. Lors de son arrestation, la police l'a tirée elle et ses co-accusés hors de leur chambre. Pendant ce temps, des armes ont été déposées sur son lit. On les a ensuite interrogés sur ces pièces à conviction une fois ramenés dans la chambre ». Les exemples abondent dans le monde, dans des régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties populistes à souhait. Le ploutocrate Trump excelle dans ce domaine, lui qui n'aime rien de mieux qu'à faire savoir sa détestation des journalistes.

D'autres chiffres sont alarmants. Fin septembre, 37 journalistes ont été tués dans le monde depuis le début de l'année. 516 journalistes (et 41 collaborateurs de médias) sont actuellement détenus, 54 sont otages et 98 ont disparu d'après Reporters sans frontières (RSF). Mais au-delà de ces comptabilités macabres demeurent des convictions. La presse – libre et indépendante – n'est pas un luxe, mais bien une nécessité. Elle ne doit pas être au service du pouvoir, mais au service de ses lecteurs. Le journaliste Albert Londres l'avait d'ailleurs parfaitement résumé : « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ».

Serais-je grandiloquent ? Sûrement. Le journal Embarquements est un « petit » média, de surcroît il œuvre sur un secteur très spécialisé. Oui, nous sommes lilliputiens mais libres et indépendants. Là est notre force, et notre faiblesse. Nos reporters ne sont pas assis derrière un bureau, et encore moins sur des robots. Par ailleurs, et contrairement à d'autres médias du secteur « voyage et aventure », nous n'avons pas – encore – cédé aux sirènes de la publicité, et encore moins à l'emploi de publireportages concoctés et financés par des entreprises de l'outdoor (« plein air » est pourtant un si joli mot), ou des offices de tourisme. Tout eût été plus facile… Nos choix éditoriaux ne sont pas non plus dictés par les injonctions du marché ou le diktat des algorithmes. Devrions-nous comme tout bon alchimiste numérique abuser de ces outils pour mieux gonfler notre audience, et nos recettes par ricochets ? Nous avons en revanche gardé un cap.

À rebours de nombreux journaux et magazines papier qui impriment à tire-larigot (c'est mieux pour les rentrées publicitaires), nous tirons chaque numéro à la quantité la plus juste. Si juste que je ne dispose souvent que d'un seul exemplaire du dernier numéro d'Embarquements. Les cordonniers sont les plus mal chaussés…

À l'heure de l'immédiateté, du sensationnalisme, et des contenus dopés à l'IA, nous voguons à contre-courant. Depuis 18 numéros, nous traçons un sillage épris de liberté, avec un brin d'inconscience mais le sens de l'engagement. Est-ce tenable ? Louable ? Crédible ? Si de toute évidence vous êtes nos meilleurs ambassadeurs, cela n'est pas (et plus) suffisant. L'heure est à la « résilience », un mot fourre-tout mais si juste. Dans l'armée française, la résilience désigne en effet cette « aptitude à affronter les conséquences d'une crise traumatique et rebondir, en agissant avec efficacité en dépit d'un environnement dégradé et des préjudices subis, qu'ils soient humains, organisationnels ou techniques ». Le ton est donné. Comme chez les militaires, convoquons dès lors « la résistance, la fiabilité, la redondance et la flexibilité » pour tenir nos positions, et nos plumes. Résister et durer.

Ainsi Embarquements continuera de faire flotter haut le pavillon de l'Aventure. L'aventure sous toutes ses formes, avec des mots et des images qui percutent et qui interrogent. Chez nous, elle se déguste en papier et en grand format. Un verre à portée de main. L'esprit libre.

Restons plus que jamais forts et inspirés,

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Rémi Camus, explorateur
Explorateur engagé, Rémi Camus s'est lancé un nouveau défi : descendre les 812 kilomètres du Rhône en packraft, de sa source glaciaire en Suisse jusqu'à son embouchure méditerranéenne. Objectif : cartographier la présence des PFAS, ces « polluants éternels » invisibles mais omniprésents, qui menacent notre santé et nos écosystèmes.
propos recueillis par Stéphane Dugast
à lire en page 2 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : remicamusexplorer.frinstagram.com

BEAU LIVRE
Plein la vue
Depuis 35 ans, Pierre de Vallombreuse parcourt le monde, boîtier photo à la main, en quête d'espaces fragiles et sauvages. En 36 clichés commentés, le photoreporter raconte dans un ouvrage son goût pour les ailleurs, avec en prime ses propres mots. Percutant.
texte : Stéphane Dugast | photographies : Pierre de Vallombreuse
à lire en page 3 du journal Embarquements n°18
à lire également : 36 Vues, de Pierre de Vallombreuse, éditions Poetry Wanted 2022
en savoir plus : pierredevallombreuse.compoetrywanted.fr

REPORTAGE
Cannabis, l'eldorado thaïlandais
Favorisée par un climat tropical et une main d'œuvre bon marché, la Thaïlande est devenue un acteur majeur de la production mondiale de cannabis. Légalisée en 2018 pour le domaine médical, la fameuse plante suscite un juteux business que viennent de s'accaparer les plus grosses entreprises.
texte et photographies : Vincent Eschmann
à lire en page 4 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : vincenteschmann.com

EXPÉDITION
Scanner la biodiversité
L'utilisation des outils génétiques et génomiques pour identifier les espèces, comme le code-barres ADN ou l'ADN environnemental, a connu un essor considérable lors des deux dernières décennies. Enquête sur le terrain, des couloirs du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris jusqu'à la forêt luxuriante en Guyane.
texte : Nicolas Moulin | photographies : Nicolas Moulin et Julien Touroult
à lire en page 6 du journal Embarquements n°18
à lire également : Les Mantodea de Guyane, de Nicolas Moulin, éditions des Publications scientifiques du Muséum, 2025
en savoir plus : nmentomo.frsciencepress.mnhn.fr

REPORTAGE
Lopburi, détrôner les singes
Ici, à 140 km de Bangkok, les citadins vivent à l'abri derrière des barreaux. Dehors, des milliers de macaques quadrillent l'asphalte pour trouver de la nourriture. Rixes, vols, saccages, fuite des touristes… C'est une catastrophe économique à laquelle répondent plusieurs campagnes de capture et de stérilisation. Qu'à cela ne tienne, l'animal est profondément respecté dans la culture thaïlandaise.
texte et photographies : Julien Clozeau
à lire en page 8 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : instagram.com

REPORTAGE
Le lac empoisonné des Mohanas
Le plus grand lac du Pakistan se meurt. Depuis les années 1990, le Manchar accumule des flux saumâtres chargés d'engrais et de pesticides. Ici résident pourtant les Mohanas, un peuple de pêcheurs qui a longtemps vécu en symbiose avec cet écosystème nourricier. Aujourd'hui, ceux que l'on surnomme « le peuple oiseau » voient le poisson disparaître et l'eau rendre malade. Inexorablement, ils se résignent à quitter leur mode de vie millénaire.
texte et photographies : Guillaume Petermann
à lire en page 12 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : guillaumepetermann.com

RÉCIT
Quilaluaq, le souffle des narvals
Toujours en quête d'inspiration, Sara Bran est partie faire du kayak parmi les icebergs. Pendant deux mois d'été, l'artiste a rejoint Qaanaaq, au nord du Groenland, accompagnant des chasseurs de narvals et bivouaquant dans les fjords. Un périple hors du temps, mais résolument documentaire. Elle raconte.
texte et photographies : Sara Bran
à lire en page 16 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : instagram.comicearthope.org

CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Asie en contrastes
Marcher au Japon, trembler en Corée du Nord, s'indigner en Corée du Sud, s'immerger dans la Malaisie coloniale, s'enliser au Vietnam : voilà de quoi découvrir l'Asie d'hier et d'aujourd'hui, au-delà de la carte postale.
par Magali Brieussel | en partenariat avec La Géosphère, librairie de voyage à Montpellier
à lire en page 19 du journal Embarquements n°18
en savoir plus : librairiegeosphere.com

CARNET DE BORD
L'art et la guerre
Nourri par son attrait pour les Kessel, London, Malraux, Steinbeck, Hemingway et consorts, Damien Castera livre un récit poignant et résolument humaniste de ses trois périples accomplis dans une Ukraine en guerre.
texte : Stéphane Dugast
à lire en page 20 du journal Embarquements n°18
à lire également : La Liberté ne meurt jamais, de Damien Castera, éditions Gallimard, 2025
en savoir plus : facebook.comgallimard.fr


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