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Été 2025
  au sommaire de ce numéro 17 :
L'ÉDITORIAL DE STÉPHANE DUGAST
Fendre le tableau noir
 lire l'édito 
La planète a connu en 2024 le nombre de conflits armés le plus élevé depuis l'après-guerre, détrônant 2023 qui détenait déjà ce triste record. C'est le constat de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo, un observatoire norvégien qui a recensé pas moins de 61 conflits étatiques dans 36 pays, causant près de 130 000 morts. Deux guerres contribuent « avec intensité » à ce lourd bilan : l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les bombardements israéliens à Gaza. L'an prochain, il faudra ajouter le Liban, le Yémen, l'Iran… Quant aux conflits non étatiques, ils abondent depuis une décennie. Citons pêle-mêle : Haïti, le Soudan, la République démocratique du Congo ou encore la Birmanie. Le panorama est d'autant plus sombre que, dans le même temps, l'ONU dénonce « les pires coupes financières qui aient jamais frappé le secteur humanitaire ». Notre monde est en surchauffe, et devenu un creuset des inégalités. Comme vous j'écoute, je lis, je regarde les actualités avec effarement.

Tout cela n'incite guère à l'optimisme. Et pourtant, des figures illuminent parfois nos chemins. En charge de rédiger un article sur un avion-hôpital, un projet porté par Aviation Sans Frontières, je vais faire une rencontre étonnante… Posons le cadre. Entre novembre 2024 et avril 2025, Madagascar a été frappée par plusieurs cyclones tropicaux majeurs, causant des pertes humaines et des dégâts matériels considérables. Sur cette même période, le remaniement de la politique d'aide internationale des États-Unis a d'ores et déjà eu des conséquences déplorables sur le secteur de la santé au sein de la Grande île. « Une misère épouvantable sévit actuellement dans des zones enclavées, isolées et sans moyens routiers, avec des habitants sans possibilités de soins », témoigne Jean-Jacques Dumesnil, président de Médicaéro, au retour d'une récente mission humanitaire. « Nous n'avons pas pu prodiguer les premiers soins nécessaires, faute de capacité d'emport avec notre petit coucou. Des enfants en dénutrition sont décédés quelques jours après notre passage. C'est consternant ! », se désole le médecin français. Alors quand je lui demande quelle est l'utilité d'un avion-hôpital, sa réponse fuse : « L'aviation est le meilleur moyen d'approcher les zones les plus reculées. Elle offre aux populations la possibilité de venir consulter un médecin, et ce, dans un rayon de 80 à 100 kilomètres ». Ses propos font écho aux « missions avions » conduites par Aviation Sans Frontières en Afrique et ailleurs depuis 45 ans.

Cet avion chargé de moyens médicaux, d'un laboratoire ou encore de personnel soignant paré à intervenir dans les zones de crise, c'est aujourd'hui le projet d'Aviation Sans Frontières, un défi innovant au profit notamment de Médicaéro.

Pour l'heure à Madagascar, l'aide humanitaire n'est guère optimale. L'aviation de brousse utilise d'anciennes pistes de l'Aéropostale construites au mitan des années 1930, mais cela ne suffit pas à atteindre les zones enclavées les plus touchées, comme dans la région du Melaky à l'ouest ou à Tuléar au sud. Les petits avions ne font, pour ainsi dire, qu'office de « taxi », limitant de facto leurs potentiels logistiques. Un avion-hôpital constitue, quant à lui, le moyen le plus sûr et efficace pour transporter à la fois des personnes et du matériel médical. Diagnostiquer, soigner, former le personnel médical local, partager des moyens humains et matériels… les missions assignables à une telle machine sont variées. Là encore, Jean-Jacques Dumesnil se veut convaincant : « L'avion est l'outil idéal pour accomplir ce type d'urgences, et ce, même si nous devons franchir les 20 derniers kilomètres en 4x4. Dans le jargon, c'est ce qu'on appelle "la médecine ambulatoire inversée" : les médecins et les blocs opératoires sont transférés au plus près des zones sinistrées. Disposer d'un hôpital volant, c'est le nec plus ultra ».

Il ne fait aucun doute que ce projet a du sens, ne serait-ce que pour continuer de faire voler les ailes de la générosité. « L'avion-hôpital, c'est le salut qui vient du ciel. C'est donner un espoir extraordinaire aux populations en détresse. Ce n'est pas seulement sauver des vies, c'est sauver la vie. Car pour mettre en échec la maladie, il faut des soins et de l'humain. Et seul un avion-hôpital offre à l'humain toute la capacité de choisir de nouveau son destin », fait entendre Jean-Jacques Dumesnil, ce retraité de la médecine générale qui, au golf ou au bridge, préfère le terrain et les soins.

Reste désormais à trouver les financements pour construire et faire voler cet appareil. Avec panache et non sans audace, l'ONG Aviation Sans Frontières a ainsi organisé le 18 juin dernier une vente aux enchères chez Artcurial Paris dont le produit a permis de lancer le financement de cet avion-hôpital. La preuve, même à deux pas des Champs-Élysées et de la rutilante rue Montaigne, que luxe et solidarité peuvent rimer. Derrière cet élan, le tableau est moins noir. Même l'enchantement est de mise, à condition de s'y employer.

Bel été pacifique à tous,
Restons forts et inspirés.

Stéphane Dugast

TROIS QUESTIONS À …
Jean-Louis Étienne, explorateur
En attendant la plateforme océanographique Polar Pod, Jean-Louis Étienne lance Persévérance, une goélette qu'il a conçue pour étudier l'océan Austral. L'explorateur n'en est pas à son coup d'essai puisque c'est d'ailleurs lui qui avait imaginé et dirigé Antarctica, l'actuelle Tara. Au sortir de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan à Nice, d'où il a appareillé, le nouveau vaisseau vient justement d'entamer un tour du monde.
propos recueillis par Stéphane Dugast
à lire en page 2 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : polarpod.fr

CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Mer nourricière
« La mer, la mer, toujours recommencée », écrivait Paul Valéry. Elle nous nourrit d'iode, d'embruns et de rêveries sans fin. Elle donne autant qu'elle prend, toujours convoitée, exploitée, mais jamais domptée. Dans la vraie vie, on y pêche des poissons, et en littérature, ce sont des histoires que l'on y puise, innombrables !
par Magali Brieussel | en partenariat avec La Géosphère, librairie de voyage à Montpellier
à lire en page 3 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : librairiegeosphere.com

EXPÉDITION
Gambie, la pagaie joyeuse
D'où nous vient ce besoin irrépressible d'aller courir le monde ? D'enfoncer les portes ouvertes en allant constater par nous-même que les autres valent la peine d'être rencontrés ? Pourquoi ne nous contentons-nous pas de cultiver nos poireaux et de nous mêler de nos oignons ? Direction l'Afrique de l'Ouest en compagnie de Fabien Bastide, bien décidé à descendre le fleuve Gambie en pirogue. Une aventure forcément émaillée d'imprévus.
texte : Fabien Bastide | photographies : Lucas Lepage
à lire en page 4 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : fabien-bastide.frlucaslepage.com

PORTRAITS
Créer pour résister
S'exile-t-on pour changer de monde ou pour changer le monde ? Sans doute les deux. Kubra Khademi et Ali Mirzayee, artistes afghans, racontent leurs destins en France. La première s'est fait connaître en déambulant dans les rues de Kaboul avec une armure qui lui moulait les fesses et les seins. Le second fuyait le retour des talibans avec l'espoir de devenir photojournaliste. Aujourd'hui réfugiés en France, ces deux-là s'expriment librement, tandis que leur pays, chaque jour un peu plus, s'enfonce dans la guerre civile et l'obscurantisme.
texte : Gauthier Toulemonde
à lire en page 6 du journal Embarquements n°17
en savoir plus sur  : latitudescontemporaines.cominstagram.com

REPORTAGE
Le crépuscule des tortues luth
Les tortues marines fuient l'une de leurs zones de ponte préférées : la Guyane. Elles doivent affronter la surpêche, le réchauffement climatique, les déchets plastiques, l'érosion côtière, le braconnage et même les chiens errants. Parmi elles, la plus grosse tortue du monde, la tortue luth, icône de la biodiversité des océans, disparaît sous nos yeux. Face à ce triste constat, de nombreuses initiatives ont vu le jour pour maîtriser l'Homme et ses activités prédatrices.
texte et photographies : Julien Clozeau
à lire en page 8 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : wwf.fr (pdf : 14Mo)

DOSSIER SPÉCIAL
Vishnu, la « Mona Lisa » du Cambodge
Impassible, le Vishnu du Mébon occidental se refait une beauté en France. L'occasion d'en apprendre plus sur cette sculpture monumentale en bronze qui compte parmi les trésors archéologiques du Cambodge. Découvert en 1936 sur le site d'Angkor, ce voyageur du temps continue de passionner les scientifiques qui remuent ciel et terre pour retracer son origine. Des anciennes mines de cuivre aux artisans contemporains, en passant par la Fonderie royale qui l'a vu naître, le grand Vishnu reprend vie sous nos yeux.
photographies : Antoine Merlet
à lire en page 10 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : soundcloud.com

TRIBUNE
L'île des possibles
À l'heure où la Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC) s'achève à Nice, j'ai à cœur de vous parler d'un atoll du Pacifique que je fréquente in situ depuis 25 ans. Surpêche, pollution plastique, montée du niveau de l'océan, aire marine protégée non surveillée, narcotrafic… Ce territoire ultramarin – inhabité, oublié et pillé – est pourtant un exemple parlant de la défense et de la valorisation des océans. Une île sentinelle dénommée La Passion-Clipperton.
texte et photographies : Stéphane Dugast
à lire en page 20 du journal Embarquements n°17
en savoir plus : youtube.com


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